C’est le 22 février 1942, il y a 68 ans, que Stéphane Zweig et sa seconde épouse, Lotte, se sont donnés la mort à Pétropolis, au fin fond du Brésil.
Outre que Stéphane Zweig est l’un de mes auteurs préférés, qu’il est devenu, plus encore aujourd’hui que de son vivant, un écrivain particulièrement apprécié en raison de l’intemporalité de son style, il symbolise à lui seul le drame du 20ème siècle, la désespérance qui a traversée le coeur des hommes qui ont vécu cette époque.
Il incarne les rêves d’humanisme et de pacifisme de nombreux intellectuels de ce siècle, rêves brisés par l’horreur de deux guerres mondiales et la tragédie de la Shoah.
Né à vienne dans une famille de la grande bourgeoisie, cet Autrichien d’origine juive qui n’attacha jamais une grande importance à la religion et qui dira d’ailleurs que « ma mère et mon père étaient juifs par le hasard de leur naissance » fut contraint à l’exil pour échapper au régime nazi qui brûlait ses livres.
Cet exil et la blessure qui en résulat il la décrivit lui même.
« Je suis né en 1881 dans un grand et puissant empire, la monarchie des Habsbourg ; Mais qu’on ne le cherche plus sur une carte ; Il a été effacé sans laisser de trace. J’ai été élevé à Vienne, la métropole deux fois millénaire, capitale de plusieurs nations, et il m’a fallu la quitter comme un criminel avant qu’elle ne fût ravalée au rang d’une ville de province Allemande ».
Cette fuite en avant d’un homme désespéré le conduisit à Londres ou il rédigea et lu l’oraison funèbre d’un de ses amis célèbres, lui aussi victime de la barbarie nazie, Sigmund Freud.
Cette errance l’amena finalement en septembre 1941 à Pétropolis.
C’est dans cette ville Brésilienne ressemblant étrangement, suite aux hasards de l’histoire, à celles de son Autriche natale qu’il écrivit l’une de ses plus belles œuvres, dans laquelle il se met métaphoriquement en scène (Le joueur d’échecs).
Convaincus de l’inévitable victoire des forces de l’axe (en décembre 1941, les japonais attaquaient Pearl Harbour, l’Allemagne et l’Italie déclaraient la guerre aux Etats-Unis et les troupes de la whermacht n’étaient plus qu’à quelques kilomètres du Kremlin), son épouse et lui choisirent de s’empoisonner.
En se donnant la mort, Stéphane Zweig mit un terme à l’une des plus belles œuvres littéraires du 20ème siècle, mais créa aussi une polémique inimaginable aujourd’hui, presque 70 ans plus tard, polémique ou de nombreux intellectuels lui reprochèrent son geste qu’ils considéraient comme un renoncement, une capitulation devant le mal.
Il reste aujourd’hui un des symboles littéraires les plus prégnants qui puissent être de la plus grande tragédie qui traversa le siècle passé.
tres bel article. j adore cet auteur, c est sympa d’y avoir pensé!
c’est un bon article merci beaucoup