Jean Philippe Dugoin-Clément

“Cachez ce sein que je ne saurais voir”… Cet extrait  du Tartuffe de Molière illustre assez bien la polémique qui agite le Lycée public Geoffroy Saint-Hilaire d’Etampes depuis la rentrée scolaire et qui commence même à faire la une de quelques médias nationaux.

En effet, le nouveau Proviseur du Lycée a décidé de bannir du Lycée shorts, minijupes, épaules dénudées, jeans troués, bref, le court sous toutes ses formes et les comportements “indescents”…

Si je comprends ce souhait d’éviter que des élèves ne viennent en cours dans des tenues qui peuvent paraître inappropriées, je pense malgré tout que, en bien ou en mal, les époques ont changé depuis le temps des “Choristes” et qu’il est irréaliste de ne pas en tenir compte.

Les mœurs, les conventions sociales, le degré de maturité et surtout d’émancipation des adolescents ont profondément évolués depuis mai 68 et une telle réglementation, si elle est trop stricte et qui plus est, limitée à un seul établissement, ne peut qu’être de nature à provoquer un rejet de principe de la part du public adolescent auquel il s’adresse et qui par nature se caractérise par une certaine forme de réticence à l’ordre moral établi…

Or donc, ce qui devait arriver arriva. Une jeune Lycéenne, via Facebook appela ses camarades à participer à une “journée du short” avec pour effet jeudi dernier la venue de 200 des 2100 élèves du Lycée en tenue raccourcie…

Sur ce, le Lycée a pris ce qui est, la pire décision possible en infligeant 3 jours d’exclusion à cette élève au motif qu’il est interdit d’organiser des manifestations à l’intérieur du lycée.

Une autre élève a écopé d’une journée de renvoi après avoir accroché des affiches sur ce sujet.

J’entends déjà les discours des aînés aujourd’hui installés dans la vie, oubliant leurs propres jeunesses, bramer que tout cela est normal et que ce n’est pas 3 jours d’exclusion, mais une semaine ou un mois qui auraient du être collés à cette lycéenne.

Je les invite à se souvenir de leur adolescence : hippie, yéyés ou rockeurs des années 60/70, écorchés vifs des années 80/90 qui se retrouvaient au travers de films tels que « Pump up the volume », « Le cercle des poètes disparus » ou encore « Dirty Dancing »…

Alors certes, un Lycée, lieu d’éducation ne doit pas tout cautionner, mais peut être serait-il bon qu’il privilégie le dialogue et les réponses mesurées à la seule sanction, à « l’action-réaction ».

Pour tout dire, tout cela me fait terriblement penser à une chanson de Brel : “Les Bourgeois, plus ça devient vieux plus ça devient bête, les bourgeois, plus ça deviens vieux, plus ça devient…”