Comme beaucoup, j’ai été surpris des déclarations à l’emporte pièce faites par Laurent Wauquiez sur le RSA, ce dernier ayant jusqu’alors évité de se fourvoyer dans des polémiques inutiles et n’ayant au surplus aucune légitimité en tant que Ministre des Affaires Européennes pour venir s’attaquer à des dossiers créés et suivis par d’autres Ministres d’un Gouvernement dont il fait partie…
Ceci étant, outre que cette démarche ne peut que créer des clivages entre les Français, elle est caricaturale et non applicable.
Comme le soulignait ce matin sur RTL Martin Hirsch, limiter les aides sociales à 75 % du SMIC signifierait concrètement diminuer le 150 € l’allocation hadulte handicapé ou de 350 € le minimum vieillesse perçu par un couple de retraité en grande précarité…
Nul doute que Laurent Wauquiez et les 22 parlementaires UMP, dont le toujours aussi droitier Eric Ciotti, qui ont cru bon de soutenir cette « idée » se feront fort d’aller l’expliquer aux intéressés, à ceux la même à qui Nicolas Sarkozy prommettait en 2007 une revalorisation de 25 % de leurs aides.
Au demeurant, ces déclarations n’auront eu qu’un seul effet concret : Permettre à la gauche qui n’avait pas voté le RSA de récupérer médiatiquement le bénéfice de ce qui aura été la principale mesure sociale du quinquennat de Nicolas Sarkozy et creuser encore un peu plus le fossé entre ceux qui se réclament de la droite modérée et progressiste et ceux qui, nostalgiques d’une France d’un siècle révolu, ne rêvent, au pire, que d’alliances avec un Front National qu’une Marine Le Pen rendrait plus fréquentable, au mieux, de racoler son électorat.
Tout cela est attérant de d’inconsistance et d’inconscience politique.
Il n’est pas possible de porter atteinte à la République en s’attaquant au corps social de notre pays, en désignant à la vindicte populaire des victimes expiatoires, comme cela est fait pour des considérations de toute petite tambouille politique momentannée ou de recherche de notoriété personnelle.
Même si je n’imagine pas que quelqu’un aussi prudent et consciencieux dans la gestion de sa carrière que Laurent Wauquiez ait pu se lancer dans ce type de déclaration sans un aval de l’Elysée il me semble indispensable que le Président de la République, comme l’a fait le Premier Ministre recadre très vite les choses, faute de quoi, il apparaitra, ce qui serait calamiteux comme cautionnant les propos de son Ministre.
En 2007, Nicolas Sarkozy avait gagné l’élection présidentielle en « clivant », fort habilement au demeurant, la gauche et la droite.
En 2012, si rien ne change, je crains fort qu’il ne perde la présidentielle en « clivant » la droite dure et la droite progressiste…