Le sondage Louis Harris paru dans l’édition de dimanche du Parisien, en plaçant Marine Le Pen en tête du 1er tour de l’élection présidentielle, malgré ses approximations et son éloignement de l’échéance présidentielle, a constitué un coup de tonnerre dans le microcosme politique qui ne peut réjouir aucun Républicain.
Ce 1er coup de tonnerre a été suivi d’un second hier soir, plus retentissant encore, puisque dans le cas de la candidature de DSK, Nicoles Sarkozy se trouverait même relégué en 3ème position et serait donc absent du 2nd tour !
Si la gauche est tout aussi impactée que ma famille politique par des résultats qui ne la mette pas à l’abri d’un nouveau 21 avril (François Hollande, si il était candidat arriverait en 3ème place), je me garderais bien de lui donner des leçons ou des conseils et voudrais ici simplement faire part de mon sentiment sur ce sondage en ce qui concerne ma famille politique.
Tout d’abord, ce sondage est pour moi tout sauf une surprise, tant depuis des mois je sens glisser une partie de l’électorat qui avait porté Nicolas Sarkozy à la Présidence de la République, au mieux vers l’abstention, au pire vers l’extrême droite qui offre un vote de défiance aisé…
Ces sondages ne viennent donc que confirmer ce que je peux observer depuis longtemps.
Face à cette situation, plusieurs solutions s’offrent au Président de la République si il souhaite briguer un second mandat.
La 1ère, à mon avis vouée à l’échec, consiste à faire porter sur les éventuelles autres candidatures de droite la responsabilité d’un éventuel échec futur et d’accompagner cette logique de « campagne par la peur » d’un durcissement d’un discours qui s’est très fortement droitisé depuis le débat sur l’identité nationale de l’an passé et plus encore avec discours de Grenoble de l’été dernier…
Cette solution consiste à jouer avec le feu en espérant qu’un tel durcissement sera de nature à permettre un second tour opposant la droite Républicaine au Front National, ouvrant ainsi la voie à un second quinquennat, est inepte.
Aussi curieux que cela puisse paraître, le droitisation du discours au sommet de l’Etat n’a vu depuis l’été dernier que descendre les intentions de vote vers le chef de l’Etat au 1er tour et au contraire renforcer les positions de Marine Le Pen…
De là à penser qu’entre la copie et l’original, les électeurs préfèreront toujours l’original, qu’un tel discours contribue à rendre plus acceptable les thèses véhiculées par l’extrême droite et pire, à détacher du Président de la République de très nombreux électeurs du centre droit… il n’y a qu’un pas que semble confirmer cette étude.
Autre enseignement de cette étude faite au lendemain du remaniement : celui-ci a été sans effets électoralement parlant pour Nicolas Sarkozy !
Je pense qu’il est donc plus que jamais urgent de rééquilibrer vers le centre droit et les valeurs Républicaines le discours politique au sommet de l’Etat pour éviter une multiplication des candidatures, non pas en jouant sur la peur, mais parce que ces sensibilités pourront se retrouver dans le discours Présidentiel.
Peut-être suis-je trop idéaliste, mais je préfère un soutien par adhésion à des idées à un soutien motivé par la crainte…
Dans un contexte anxiogène où nos compatriotes sont les champions du monde du déclinisme (crise économique, chômage, évènements au moyen-orient…), je pense que l’Etat doit avant tout tenir un discours basé sur les valeurs de notre République, d’égalité, de fraternité et de laïcité plutôt que de renforcer leurs angoisses en axant son discours sur un éventuel débat sur l’Islam, sur les masses d’immigrés potentiels venant d’Afrique du Nord…
De tout temps et en tous lieux, les extrêmes ont toujours bénéficié des peurs des citoyens. Le meilleur moyen de les battre est d’être rassurant.
Dans cette logique, je pense également que l’opposition gagnerait à éviter de crier sur les toits que le chomage atteint des sommets alors même que pour la 1ère fois depuis le début de la crise économico-financière, des chiffres positifs.
Les semaines qui viennent diront quelle option sera retenue par Nicolas Sarkozy, si il fait ou non le choix d’un virage social, seul susceptible de ramener vers lui une famille aujourd’hui émiétté…
La multiplication des candidatures au sein de la majorité ne doit pas être vue comme une menace de 21 avril à l’envers, mais au contraire une diversification de l’offre. Il y a aujourd’hui tout un pan de l’électorat de la majorité qui ne votera pas pour Nicolas Sarkozy au 1er tour. Et invoquer un affaiblissement du score de Sarkozy au 1er tour si les centristes de la majorité avaient leur candidat, ne fait que renforcer la logique de bipolarisation et donc monter les extrêmes, une partie de l’électorat ne voulant ni d’un pôle, ni de l’autre. La multiplication de l’offre est le meilleur rempart contre les extrémismes de tout bord…à gauche comme à droite.