Nombreux sont ceux à qui cela arrachera, si ce n’est une larme, une pensée un peu triste, « le porte-hélicoptères Jeanne d’Arc n’est plus un bateau ».
C’est ce qu’a déclaré mercredi 1er septembre son commandant à l’issue de la dernière cérémonie des couleurs, étape symbolique avant le démantèlement de l’ancien navire école.
« la Jeanne n’est plus un bateau, je ne suis plus son commandant, son équipage n’existe plus », a indiqué à la presse le capitaine de vaisseau Patrick Augier, qui a quitté le bord avec le pavillon français dans les bras.
Symboliquement, comme l’exige la tradition, les hommes ont dégrafé la bande légendée « Jeanne d’Arc » de leur bachis, la traditionelle coiffure à pompon rouge des marins.
Les plaques portant le nom du navire ont été confiées à l’école navale de Brest, et l’immatriculation R97 peinte sur la coque a été effacée.
Durant tout l’été, les 450 marins restés à bord ont débarqué environ 50 tonnes de matériaux divers. « Une vraie caverne d’Ali-Baba », a commenté le dernier commandant. « Cela va de 30.000 fusibles à d’anciens billets de 10 francs à l’effigie du bateau, et qui ne servaient qu’à bord ».
Les hélices ont été déposées, les orifices fermés, les réservoirs vidés de tous les fluides. Des éléments des machines serviront de pièces de rechange pour les frégates Tourville et de Grasse.
Quelques pièces du « patrimoine » du mythique porte-hélicoptères seront confiés à des musées et des villes, comme Brest, port d’attache, Domrémy-la-pucelle (Vosges), ou Rouen, ville marraine, qui a hérité d’une ancre.
Puis viendra le temps de la déconstruction qui interviendra après le lancement d’un appel d’offres européen, procédure suivie pour l’ex-Clemenceau.
J’espère juste que ce bâtiment qui depuis son lancement en 1964, a fait quelques 800 escales, sillonné 84 pays, parcouru 3,25 millions de kilomètres et formé des milliers d’élèves officiers ne connaîtra pas la triste fin de l’ancien porte avion de notre marine nationale.