Alors que l’ouverture de la billeterie pour la saison culturelle 2012 de Mennecy s’est ouverte hier matin et que ce sont déjà plus de 30 % des places disponibles pour son concert qui ont été vendues, je vous propose de (re)découvrir une interview donnée par Hugues Aufray à l’AFP dans laquelle il évoque sa carrière, son dernier album, ses choix artistiques.
En attendant donc de retrouver, le 10 mars prochain au Théatre de Mennecy, celui qui est certainement un des artistes les plus intergénérationnels français, je vous laisse avec cette interview.
Hugues Aufray : « je suis un passeur de cultures » – Interview, Prev
Par Bénédicte REY
PARIS, 28 octobre 2011 (AFP) – Après le succès de « New Yorker », son album de reprises de Dylan en 2009, Hugues Aufray revisite ses plus grands succès avec « Troubador since 1948 » (Mercury/Universal), publié lundi, un « pèlerinage » qui met à l’honneur son travail de « passeur de cultures », dit-il à l’AFP.
La veille de cet entretien, Hugues Aufray est allé à Bercy applaudir Bob Dylan, ami et modèle vénéré. « Dylan est un magicien, s’enthousiasme-t-il. Il résout une équation que personne d’autre ne saurait même énoncer: comment être toujours le même et toujours nouveau ».
« Pour la plupart, les gens qui ont 50 ans de carrière se répètent, refont tout le temps la même chose au risque de se dégoûter. Ils le font souvent par intérêt parce qu’ils savent que c’est ça qui leur permet de vivre », estime le chanteur.
Lui-même regrette que les radios aient ignoré son dernier disque de chansons originales, leur préférant ses classiques « Céline » ou « Santiano ».
« Aujourd’hui, faire des chansons nouvelles, se donner du mal pour écrire la musique, les paroles, enregistrer… c’est comme si on jetait ça directement à la poubelle », juge-t-il.
Après le succès de « New Yorker », qui s’est vendu à plus de 100.000 exemplaires, son label lui a proposé de revisiter ses plus grands succès en les réarrangeant.
« Moi, je leur ai dit que ça ne m’intéressait pas du tout de faire une compil ! », raconte Hugues Aufray. Le chanteur de 82 ans est un adepte du franc-parler et ce quel que soit le sujet.
Il se dit « furieux » de la façon dont lui a été remise en 2011 une Victoire de la musique pour l’ensemble de sa carrière – « ce n’était pas à la hauteur » -, fustige les règles d’arbitrage du football, confie avoir conseillé à Nicolas Sarkozy de séparer ministère de l’Enseignement et de l’Education…
Retour au pénitencier
S’il a finalement consenti à enregistrer « Troubador since 1948 », c’est pour pouvoir graver sur disque « sa » version des « Portes du pénitencier ».
Hugues Aufray a traduit en français cette chanson du folklore américain pour Johnny Hallyday.
« A l’origine, c’est l’histoire d’une prostituée dans une maison de passe. Quand j’ai fait la version pour Johnny, je l’ai masculinisée en en faisant un délinquant », se souvient-il.
« Mais moi, j’aurais bien aimé faire la version originale. Donc, j’ai écrit le texte « L’Hôtel du soleil levant ». J’ai essayé plusieurs fois de l’enregistrer, mais ça n’a pas marché », raconte-t-il.
« Troubador since 1948 » comprend donc une version du « Pénitencier » chantée par Hugues Aufray — et dont il a légèrement modifié la fin — et « L’Hôtel du soleil levant ».
A leur côté, des chansons originales entrées dans le patrimoine (« Les crayons de couleur », « Le siècle des enfants »…), mais aussi de nombreuses adaptations de musiques américaines, brésiliennes, mexicaines qu’il a popularisées en France.
« J’ai fait beaucoup de colportage, j’ai ramené beaucoup de chansons, d’influences de l’étranger. Maintenant, les gens trouvent normal ce travail de passeur de cultures, de métisseur », remarque le musicien.
Lui a commencé dès ses « années d’amateur » dans les cabarets, à chanter « tout ce qui pouvait (lui) procurer une émotion musicale sans (se) soucier de savoir si c’était des cultures qui pouvaient cohabiter ».
Aujourd’hui encore, il se définit comme un « folkloriste ». « Folk, ça veut dire peuple, ce sont des choses qui viennent des racines. Pour moi, le mot populaire est très important, pas parce que c’est lié au succès, mais parce que c’est une vérité humaine », dit-il.