C’est hier matin, vers 8h00 que j’ai appris, comme des millions de français, le décès à seulement 66 ans de Philippe Séguin.
Que dire qui n’ait pas déjà été dit ces dernières 24 heures sur cette personnalité hors du commun ?
Peut-être simplement les deux choses qui m’ont le plus marqué dans une vie mise au service du public depuis plus de 30 ans.
Tout d’abord, Philippe Séguin était pour moi l’un des rares, l’un des derniers peut être, grands tribuns de la politique française, capable de sa voix grave et profonde d’emporter une salle par le seul pouvoir de la parole ou encore de faire preuve d’une éloquence hors norme à la tribune de l’Assemblée Nationale.
L’Assemblée Nationale justement.
C’est là bas que pour moi, Philippe Séguin a gagné mon admiration en luttant dès sa 1ère élection en 1978 aux côtés de quelques autres Députés de droite (dont Pierre Bas) et des parlementaires de l’opposition pour l’abolition de la peine de mort.
Il n’hésita pas pendant 3 ans à se battre contre sa famille politique sur un sujet ou l’opinion publique lui était nettement opposée à l’époque, bravant les colères d’Alain Peyrefitte, alors Garde des Sceaux et demandant inlassablement, lors de chaque examen de la loi de finances, faute de pouvoir obtenir un vote sur l’abolition, la suppression des crédits qui y étaient inscrits pour payer le bourreau…
C’est à l’Assemblée Nationale aussi qu’en 1981 il intervint aux côtés de Robert Badinter pour répondre à une intervention de Pascal Clément, futur Garde des Sceaux de Jacques Chirac et alors défenseur de la peine de mort.
C’est ce courage politique accompagné d’un énorme travail parlementaire qui le différenciait de ceux qui ne font que des « coups politiques » jamais suivis d’effets, que Philippe Séguin afficha dès le début de sa carrière et que l’on retrouva tout au long de sa vie publique.
C’est cela qui force mon respect et me rend triste de le voir nous quitter.
C’est cela qui me console aussi, car si je sais qu’aujourd’hui, Philippe Séguin nous a quitté, il est parti rejoindre dans l’histoire ceux qui ont fait de notre République ce qu’elle est.
Je vous avez suivi en 1992 lors du référendum de Maestrich, j’avais assisté alors à une de vos réunions publiques à Chasseneuil-du-Poitou. J’étais comme vous euroseptique (et je le suis toujours…).J’ai pensé ensuite que vous seriez le successeur de Jacques Chirac. Il eut peut-être fallu cependant savoir arrondir un peu les angles mais vous étiez un homme de conviction pur et dur. Il n’y en a plus beaucoup comme cela aujourd’hui.
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