Claude Lévi-Strauss décède à 100 ans
C’est hier seulement qu’à été rendue publique la mort de l’anthropologue Claude Lévi-Strauss qui s’est éteint dans la nuit de samedi à dimanche à l’âge de presque 101 ans.
Né à Bruxelles le 28 novembre 1908, Claude Lévi-Strauss a traversé le 20ème siècle en changeant notre perception du monde et en jetant les bases de l’anthropologie moderne. Avec son décès, c’est le 20ème siècle qui s’achève encore un peu plus.
Connu dans le monde entier, il était le dernier géant de la pensée française.
Philosophe de formation, ce pionnier du structuralisme qui arpentait le monde pour en étudier ses mythes, ce précurseur dans le domaine de l’écologie qui écrivait admirablement, a oeuvré à la réhabilitation de la pensée primitive, avec parfois le regard d’un moraliste.
Celui qu’on appelait le “spectateur dégagé”, se tint à l’écart de mai 68. Il se disait “vieil anarchiste de droite” et assurait que la pensée de Jean-Paul Sartre “sentait le renfermé”. Ce dernier craignait de son côté que la lecture de l’ethnologue n’aboutisse à un “renoncement de l’histoire”.
Son autobiographie intellectuelle, “Tristes Tropiques”, paru en 1955, est d’ailleurs considérée comme l’un des grands livres du siècle passé.
Professeur au Collège de France pendant plus de 20 ans, de 1959 à 1982, il est le premier anthropologue élu à l’Académie Française en mai 1973, au fauteuil qu’occupait avant lui Henri de Montherlant. Il était également Commandeur de la Légion d’honneur.
Né dans une famille de Juifs alsaciens, agrégé de philosophie, il a d’abord enseigné en France avant de rejoindre en 1935 l’université de Sao-Paulo. Au Brésil, il conduisit des missions ethnographiques au Mato Grosso et en Amazonie.
De retour en France en 1939, il est mobilisé puis révoqué par Vichy en raison de ses origines juives. Réfugié dès 1941 aux Etats-Unis, il enseigne à New York puis devient conseiller culturel en 1946 près l’ambassade de France.
Il est nommé en 1949 sous-directeur du Musée de l’Homme à Paris. A partir de 1950, il occupe la chaire des religions comparées des peuples sans écriture à l’Ecoles des Hautes Etudes et, en 1959, celle d’anthropologie sociale au Collège de France.
En juin 2006, il avait reçu un vibrant hommage du Président Jacques Chirac lors de l’inauguration du musée Quai Branly dédié aux arts premiers.
Ton article sur Monsieur Levi-strauss est très bien, c’était un homme très simple malgré sa grande notoriété et généreux, il a crée aussi la bibliothèque du LAS, il avait toujours son bureau au laboratoire, je l’ai très souvent croisé et j’ai souvent discuté avec lui ayant travaillé à la bibliothèque du LAS, il y a quelques années.
Vu ce matin sur le portail suisse Pnyx.com, un hommage surprenant au grand homme : sous la forme d’un sondage !
Merci, Monsieur Lévi-Strauss ! Si je ne pouvais emporter qu’une seule de vos idées …
« On ne peut rien comprendre ou juger que grâce à la mémoire »,
« Je hais les voyages et les explorateurs »,
« L’homme est un être vivant »,
« Pas plus que l’ordre du monde, l’ordre social ne se plie aux exigences de la pensée »
« Seule la musique permet l’union du sensible à l’intelligence »,
« Il ne peut exister un hiatus complet entre la pensée et la vie »,
« L’humanité … /… s’apprête à produire la civilisation en masse, comme la betterave ».
Pour voir le détail, aller à : http://www.pnyx.com/fr_fr/sondage/403 , avec, pour chacune de ces “idées”, un extrait des citations dans leur contexte, permettant d’embrasser la portée de ces réflexions.