C’est sous ce titre que Pierre Desproges tenait en 1986 des billets d’humour grinçants d’une qualité textuelle et d’une drôlerie à mon goût jamais égalées depuis, mais qui ont inspirés avec plus ou moins de bonheur de nombreux humoristes.
C’est cet esprit qui aurait pu guider la carrière et les choix de Dieudonné, mais malheureusement, il semble qu’il n’ait retenu de ce titre que les deux 1ers mots, infligeant ainsi à la France entière un exemple extraordinaire de haine ordinaire.
J’avais déjà eu l’occasion dans ce blog de faire part de mes sentiments sur les positions de ce désormais triste sire (http://www.jean-philippe-dugoin.fr/faut-il-interdire-les-listes-antisionistes-aux-elections-europeennes/) et ne comptais pas forcément être redondant sur ce personnage. J’avoue pourtant qu’en découvrant son affiche de campagne hier matin, j’ai été outré.
Peut-être suis-je, contrairement à ce que je crois être, profondément intolérant et doué d’une imagination forcenée, mais je ne comprends pas comment cette affiche a pu être autorisée, ni le silence assourdissant qui entoure les exactions verbales et visuelles de ce monsieur et de ses sbires.
L’affiche donc, outre de présenter le nom même de cette liste y représente l’image d’un religieux israélite, et Dieudonné y pose fièrement, vêtu de noir, le bras dans une position qui me rappelle le salut qui était effectué par d’autres hommes vêtus de noir il y a quelques années de cela.
Sur cette affiche Dieudonné pose avec deux de ses compères et j’avoue avoir été particulièrement « scotché » par Alain Soral, dont je ne connaissais ni la vie ni l’œuvre jusqu’à hier et qui tient lieu de maitre à penser à Dieudonné.
Alain Soral se décrit en une de son site comme un » intellectuel français dissident ». Ce supposé intellectuel est un ancien militant du Parti Communiste qui a rejoint le Front National ou il est devenu membre du comité central en charge notamment des affaires sociales et du problème des banlieues. Il a quitté ce parti en 2009 et est candidat en 5e position sur la « liste antisioniste » de Dieudonné.
Il tient un site internet dont je ne conseille pas la lecture aux âmes sensibles, mais qu’il est intéressant de visiter pour se faire une idée de ce que sont véritablement ceux qui se présentent comme antisionistes, comme des victimes du sionisme, mais qui ne font que véhiculer des idées haineuses (http://www.alainsoral.com/).
Ce site ou la haine stupide et primaire est omniprésente propose bien évidemment un lien vers le site de la campagne officielle, tout aussi nauséabond (http://www.listeantisioniste.com/), site ouvert par une pensée de notre muse dieudonesque. Je cite Alain Soral : « Dénoncer la mafia sicilienne, ce n’est pas dénoncer les siciliens. Nous, nous dénonçons la mafia sioniste en France et nous ne nous attaquons ni aux juifs ni aux israéliens». Ce message plein de bonté est quand même accompagné de photos caricaturant des religieux juifs et de la superbe photo du président négationniste iranien.
Cette incitation à la haine d’une communauté envers une autre, cette caricature de l’autre représentent tout ce que notre République devrait refuser d’autoriser.
Elles rappellent les montées des extrémistes du début du siècle dernier qui n’ont pas commencées autrement. Eux aussi essaimaient leurs haines dans l’opinion, allant un peu plus loin à chaque fois qu’on les avait laissés faire.
Il est temps de dire stop. La liberté ne peut pas tout autoriser.
L’antisémitisme n’a jamais été aussi présent depuis bien longtemps dans notre pays.
Pas un antisémitisme conceptualisé comme l’était celui des nazis, pas un antisémitisme chrétien ou les juifs étaient condamnés par les bonnes âmes parce que leurs ancêtres avaient tué le christ (ce qui lui a quand même permis de ressusciter et de fonder ainsi la religion chrétienne !), mais un antisémitisme primaire et nouveau, que l’on pourrait souvent qualifier « d’antisémitisme de quartier » lié à des causes exogènes (conflit au proche orient).
Cet antisémitisme aggloméré aux vieux démons de notre pays a trop causé de mal ces dernières années pour que personne ne dénonce ceux qui cherchent à le développer.
Il est à la base de violations de sépultures de l’incendie d’une école, de la séquestration, de la torture et de la mort d’Ilan Halimi…
On peut être opposé à la politique de l’état d’Israël.
On peut être solidaire du peuple Palestinien.
On ne peut pas chercher à importer ce conflit dans notre pays, sauf à vouloir aboutir à d’autres drames.
La seule chose a laquelle peuvent aboutir ces extrémismes, si la République les laisse se développer, c’est à rendre tristement ordinaires les chroniques de la haine…