Si il y a quelque chose qu’il faut bien reconnaitre à François Bayrou, c’est de faire partie de ces personnes qui sont profondément persuadées d’avoir un destin, dans son cas un destin présidentiel.
S’il y a quelque chose qu’il faut déplorer avec François Bayrou, c’est que cette conviction d’avoir une destinée à remplir l’a conduit à tous les renoncements.
Lorsqu’il prend la tête de l’UDF, il y a plus de 10 ans de cela, ce mouvement a quasiment le même poids politique que le RPR. Il compte alors près de 200 Députés et de très nombreux élus locaux…
Aujourd’hui, pour avoir refusé toute alliance et toute discussion avec ceux qui étaient ses amis politique, le Président du MODEM à conduit les élus de son mouvement à le laisser àseul avec ses ambitions et à rejoindre l’UMP ou le Nouveau Centre. Les rares à être restés à ses côtés on été inévitablement menés à la défaite. Depuis 2008, le MODEM ne dirige plus une seule grande collectivité et ne compte plus que 4 Députés !
Cette conviction d’être prédestiné l’a en effet amené à doublement « lepéniser » son mouvement :
- «Lepénisation» de la posture politique : Oubliant avoir fait parti de l’UDF et exercé des fonctions ministérielles importantes (avec plus ou moins de réussite…), François Bayrou a opté pour une posture d’opposition systématique et une rhétorique du «Ils nous gouvernent», «Ils ont fait ceci»… qui n’est pas sans rappeler celle des «copains et des coquins» du Président du Front National.
- «Lepénisation» de la structure de son parti : A force de refuser tout dialogue, aussi bien avec sa famille politique naturelle de droite qu’avec celle qui aurait pu le devenir par adoption, à gauche, François Bayrou est parvenu à détruire les relais locaux et les ancrages de son parti. Il a mobilisé sur son nom quelques 18 % des électeurs à la présidentielle, mais ne parvient plus à obtenir des Députés, Conseillers Généraux, Maires, réussissant seulement à enregistrer quelques élus sur des scrutins proportionnels… Le comparatif avec la situation d’un Front National présent au 2nd tour de la présidentielle de 2002, mais absent de toutes les enceintes électives est frappant ! Enfin, comment ne pas voir de similitudes entre le sort réservé à ceux qui divergent de l’avis du leader du MODEM avec ceux qui s’écartent de la ligne fixée par le Président du FN !
Or donc, voilà maintenant qu’après avoir sacrifié la défunte UDF rebaptisée MODEM pour tenter de se refaire une virginité, François Bayrou est en passe de renoncer à ce qui avait constitué son cheval de bataille depuis des années : l’Europe.
Je me souviens encore de l’avoir vu, lors d’un meeting au printemps 2002 vanter les mérites de l’Europe, expliquer, véritablement convaincu de ses dires, que l’Europe était un levier essentiel pour notre pays…
Et voilà qu’aujourd’hui il torpille ce l’Europe en refusant tout débat sur le fond, mais en préférant l’attaque à outrance, l’attaque outrancière à l’encontre de Nicolas Sarkozy, au travers d’un pamphlet censé lui tenir lieu de programme !
Il est sûr que le débat européen est difficile à faire partager aux français alors qu’à l’inverse, l’invective et l’anti sarkozisme primaire font recette…
Il est plus facile de se préparer à une élection présidentielle en attaquant le Président de la République qu’en parlant d’Europe… il est simplement dommage de le faire maintenant, de se tromper d’élection et de taire le débat européen.
Il est triste d’abandonner ce qui était ses idées politiques pour s’adonner aux jeux politiciens…
A ce sujet, je vous laisse écouter ce que Daniel Cohn Bendit déclarait à Europe 1 le 16 mai dernier…