Curieuse concomitance de dates. Un peu comme si l’histoire voulait nous rappeler qu’il ne tient à rien que l’horreur d’hier se reproduise demain et que malheureusement, les petits, les haineux, les délateurs, les misérables, les profiteurs, les opportunistes, les lâches et les bourreaux n’ont pas disparu et que derrière chacun de nous, en chacun de nos enfants, de nos proches, de nos amis, il existe une victime potentielle.
Quelques jours après les nouveaux débordements verbaux d’un Le Pen qui juge qu’un père qui donne un prénom juif à son enfant ne fait pas preuve d’une « franche assimilation » et ceux d’un évêque polonais à la retraite, Mgr Tadeusz Pieronek, qui fut proche de Jean-Paul II, qui estime que « La Shoah en tant que telle est une invention juive », le monde commémore le 65ème anniversaire de la libération d’Auschwitz, le plus meurtrier des camps d’extermination nazi qui symbolise à lui seul l’horreur de la Shoah.
65 ans déjà que les troupes soviétiques sont entrées dans ce camp et y ont libérés les quelques 7000 survivants qui y restaient (sur 1,3 million de déportés).
Presque sept décennies après, la Pologne se débat pour essayer de sauver cette trace de l’inhumain, ce témoignage de ce qui ne doit plus être en cherchant auprès des autres pays les quelques 120 millions d’euros nécessaires à la sauvegarde de ce camp de la mort, à ses bâtiments en bois, ses stalles de chevaux de l’armée allemande dans lesquelles étaient enfermés des déportés qui n’étaient même pas traités comme des bêtes, 120 millions sans lesquels, ces traces seraient condamnées à disparaitre.
Il faut, ce qui n’est probablement jamais arrivé ni à Monsieur Le Pen, ni à Monsieur Pieronek, être passé dans les cellules des condamnés à mort, devant les cheveux et les effets personnels des déportés, devant la potence située à l’entrée du camp ou dans la chambre à gaz d’Auschwitz, il faut avoir parcouru les allées rectilignes séparant les quartiers des femmes et des hommes, eux-mêmes répartis entre juifs, tziganes, homosexuels, communistes, francs maçons… suivi les rails qui entrent dans le camp et le long desquels les déportés étaient triés, parqués entre ceux qui allaient être tués immédiatement et ceux que l’on exploiterait jusqu’au bout de leurs forces, passé au milieu des maigres arbres ou attendaient les enfants et leurs mères avant d’être gazés à Birkenau pour ressentir a quel point l’homme est capable des actes les plus inhumains.
Cette commémoration, c’est un moment pour se souvenir de ceux qui ont souffert et sont morts, pour que par respect pour eux et par amour de ceux qui pourraient être les proscrits de demain, nous n’acceptions plus jamais cela…
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