20 % de hausse des prix de l’électricité en 3 ans ?
C’est en tout cas l’autorisation que demandait au Gouvernement Pierre Gadonneix, le Président d’EDF avant-hier dans un entretien accordé à Paris Match, dans lequel il faisait le constat d’une entreprise qui doit faire face à des charges importantes pour moderniser son parc de production et qui est très endettée suite à des investissements particulièrement coûteux à l’étranger ces dernières années.
Tout d’abord, on peut s’interroger sur le choix de ce support, plus réputé pour sa “people-itude” que pour son sérieux économique pour annoncer aux français ce qui n’est, ni plus ni moins, qu’une augmentation de 20 % d’une partie de leurs charges incompressibles.
Ce point relatif à la forme de l’annonce mis de côté, cette demande appelle plusieurs commentaires ou interrogations.
Tout d’abord, il ne s’agit pas encore d’une hausse effective.
En effet, il revient au Gouvernement de l’autoriser ou non et il n’est pas du tout acquis que celui-ci donne son feu vert à EDF pour procéder à une aussi lourde augmentation. C’est en tout cas le sentiment qui se dégageait des propos tenus hier par la Ministre des Finances Madame Christine Lagarde.
En fait, EDF se trouve dans une situation de négociation avec le Gouvernement pour obtenir une hausse de ses tarifs et son Président a fait le choix de placer la barre de ses demandes très haut et de poser la question sur la place publique, plutôt que de mener, comme c’est généralement le cas, cette négociation lors de réunions de travail ad hoc avec les Ministres concernés. Il est donc, à mon sens probable que augmentation des tarifs il y aura, mais que celle-ci sera bien inférieure aux 20 % demandés !
Il me semble en effet, particulièrement compliqué dans le contexte économique actuel que le Gouvernement autorise EDF à infliger une telle hausse de prix aux foyers français, sachant qu’en plus, cette hausse, s’appliquant uniformément, elle constituerait pour les français les plus modestes, un nouveau vecteur d’étranglement financier.
De plus, elle aurait également des inconvénients indirects.
20 % de hausse du coût de l’électricité, cela implique des hausses de prix pour les entreprises qui devront bien répercuter sur les consommateurs que nous sommes tous leurs augmentations de charges de structures.
Les collectivités ne seraient pas épargnées non plus.
Elles n’auront donc le choix que de compenser ces surcoûts par le recours à l’impôt ou la réduction des services publics. A titre d’exemple, Mennecy s’acquitte aujourd’hui de plus de 300.000 € annuels à EDF. Une hausse de 20 % en trois ans reviendrait donc à une augmentation de notre facture de plus de 60.000 €, ce qui correspond presque à un point d’impôt !!!


à lire les communiqués de presse du ministère du développement durable rien est fait.
09.07.09 - Tarifs de l’électricité : aucune décision prise à ce jour
En ce qui concerne les tarifs réglementés de vente de l’électricité, les évolutions tarifaires sont décidées par le Ministre d’Etat, ministre de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer et par le Ministre de l’économie, de l’Industrie et de l’emploi, après avis de la Commission de régulation de l’énergie.
S’agissant d’une évolution tarifaire en 2009, aucune décision n’a été prise par le Gouvernement sur son opportunité et son niveau. La Commission de régulation de l’énergie n’a pas été saisie d’une proposition du Gouvernement.
Les chiffres évoqués récemment dans la presse par le président d’EDF n’engagent donc que lui.
Les prix pratiqués en France sont inférieurs de 15 à 30 % aux prix pratiqués chez nos voisins européens, grâce à la compétitivité du parc électronucléaire construit essentiellement dans les années 80.
La compétitivité du parc de production électrique français, au bénéfice des consommateurs et de notre industrie, est donc une priorité stratégique du Gouvernement.
Les prix de l’électricité doivent naturellement permettre de financer l’important programme d’investissement attendu en France dans les 10 prochaines années, tant pour la production que pour l’amélioration du réseau. Cet effort doit être financé par les gains de productivité de l’entreprise EDF et par des majorations tarifaires. Celles-ci doivent cependant tenir compte de la situation fragile de nombreux ménages et entreprises dans le contexte économique actuel, ce qui exclut une progression trop rapide.