Ce qui m’a toujours frappé lors des élections, c’est les destins qui se croisent, c’est de voir des hommes et des femmes qui travaillent depuis des mois, voir leur sorts se jouer en une journée et leurs histoires s’arrêter ou non lors d’une annonce faite en quelques secondes.
Chez les Romains, ont appelait cela les jeux du cirque. Des gladiateurs entrainés et formés pendant des mois, parfois des années pour cela descendaient dans l’arène pour des combats dont-ils ne savaient pas dans quel état ils ressortiraient.
Heureusement, aujourd’hui, on ne met plus à mort les perdant, le public sait se montrer magnanime.
Ce dimanche électoral n’a pas échappé à la règle et a connu son lot d’élus reconduits ou éconduits, sa part de nouveaux Députés qui ont désormais 5 ans pour pouvoir travailler en espérant que leur étoile montante ne palissent pas comme celle de leurs ainés…
Dans l’Essonne, 3 personnes, 3 parcours m’ont donné envie d’en dire quelques mots.
Serge Dassault, ou la chute de la maison Usher.
Présent sur Corbeil-Essonnes depuis 30 ans, ville dont il est Maire depuis 1995, Serge Dassault vient, hier matin, de voir sa réélection à la Mairie de mars 2008 invalidée et a également été déclaré inéligible en raison d’irrégularités lors du scrutin de l’an passé.
Bruno Piriou ne pourra pas se présenter à Corbeil
Dans le même temps, son challenger communiste, Bruno Piriou, Conseiller Général de Corbeil à également été jugé inéligible par le Conseil d’Etat en raison d’irrégularités sur ses comptes de campagnes.
Les corbeillois devront donc revoter pour désigner leurs élus municipaux dans les 3 mois, sans qu’aucun des deux hommes ne puisse se représenter.
Il y a là quelque chose de triste pour un homme de 84 ans qui a beaucoup donné pour sa commune et voit ainsi son engagement politique marquer un coup d’arrêt, même s’il reste Sénateur.
Il y a là quelque chose d’injuste pour celui qui fut son grand rival et son principal opposant qui est sorti de la course au moment même ou la ville semblait enfin à sa portée.
Tout cela présage d’une élection partielle très difficile pour notre famille politique et pourrait bien faire l’affaire d’un 3ème homme , Carlos Da Silva, jeune homme en devenir, proche de Manuel Valls, tête de liste du parti socialiste dont il est le responsable départemental que de nombreux observateurs voient déjà comme le prochain Maire de Corbeil, celui d’un rapprochement entre les deux agglomération.
Marie-Agnès Labarre ou l’improbable retour.
Marie-Agnès Labarre devient Sénateur
Marie-Agnès Labarre, Maire de Vert-le-Petit pendant de longues années, était une figure incontournable du parti socialiste essonnien, passant pour être indétrônable dans sa commune et briguant même la circonscription.
Contre toute attente, lors des municipales de mars 2008, la liste qu’elle conduisait gagnait les élections, mais, victime du panachage qui est en vigueur dans les petites communes, elle n’était pas réélue au Conseil Municipal perdant ainsi son fauteuil de Maire et voyant ses colistier gagner cette élection sans elle.
Peu nombreux étaient ceux qui lui donnait alors le moindre avenir politique.
C’était sans compter sur les Européennes. Jean-Luc Mélenchon ayant décidé de quitter le PS pour se présenter aux élections européennes avec le Front de Gauche dans une circonscription du sud et ayant été élu, il va devoir quitter un mandat de Sénateur qui ne l’intéressait d’ailleurs plus depuis longtemps…
Cela va permettre au suivant de la liste de devenir Sénateur, et c’est… Marie-Agnès Labarre qui va aller siéger au Palais du Luxembourg !
Cette dernière ayant d’ailleurs rejoint depuis longtemps déjà le Front de Gauche, cela ne va pas faciliter les discussions pour les constitutions des listes aux prochaines sénatoriales entre les partis de gauche dans notre Département.
Benoit Hamon à la croisée des chemins.
Benoit Hamon perd son mandat de Député européen
Bien que je ne partage pas (loin s’en faut) ses idées politiques, je considère Benoit Hamon comme quelqu’un de brillant. C’est à mon sens un jeune élu doté d’un véritable potentiel, de beaucoup de sens politique, qui sait non seulement utiliser les médias, ce qui n’est pas rare, mais qui a également un véritable fond, ce qui est beaucoup moins fréquent.
A moins de 42 ans, porte parole de son parti, leader d’un courant et Député européen sortant, l’avenir lui semblait ouvert, à tel point que nombreux étaient ceux qui le voyait déjà conduire la liste socialiste aux prochaines régionales… au moins en Essonne.
Las, erreur politique colossale ou volonté délibéré en cas de mauvais score de se consoler en éliminant un rival potentiel, Martine Aubry ne lui accorda que la 3ème place sur la liste Ile-de-France du PS, ce qui, au vu du résultat catastrophique des socialistes dans notre Région, a eu pour effet de renvoyer Benoit Hamon, dépourvu de tout mandat, parmi les « simples militants ».
La question qui se pose le concernant est désormais de savoir si cette sortie du monde électif ne sera que temporaire ou si elle sera définitive, s’il s’agira d’une simple « traversée du désert », de celle que tout homme politique doit paraît-il connaître un jour, ou s’il s’agira au contraire d’une rupture définitive avec la vie publique.
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